Interview alumni : François CLAEYS, ingénieur d’étude chez TechnicAtome

Dans cette interview, François Claeys, ingénieur d’étude chez TechnicAtome et ancien élève de Saint-Michel, nous raconte son parcours atypique et nous dévoile son rôle crucial dans la sûreté nucléaire. De ses débuts à la Marine Nationale à son expertise en ingénierie nucléaire, il partage avec nous son expérience et ses conseils précieux pour les jeunes aspirants ingénieurs.
Bonjour François, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m'appelle François Claeys, ancien élève de Saint-Michel, où j'ai obtenu mon bac en 2012. Mon parcours est un peu atypique. Je suis passé par plusieurs étapes, ce qui reflète une certaine originalité. Je pense que c'est bien de ne pas toujours suivre les sentiers battus, et c'est ce qui a marqué mon chemin, à la fois dans ma formation et dans ma carrière. J'espère que mon parcours pourra en inspirer d'autres.
En quoi consiste votre métier ?
Aujourd'hui, je travaille chez TechnicAtome, une entreprise spécialisée dans la conception des chaufferies nucléaires embarquées pour les sous-marins et porte-avions de l'armée française. Mon rôle, en tant qu'ingénieur d'études, est axé sur la neutronique, c'est-à-dire tout ce qui touche au cœur du réacteur.
Mes principales missions consistent à garantir la disponibilité de la chaufferie nucléaire et à assurer sa sûreté. Cela implique de veiller à ce que, dans n'importe quelle situation, la chaufferie nucléaire puisse répondre au mieux aux besoins opérationnels des marins tout en garantissant un état sûr du réacteur. C'est une grande responsabilité, surtout dans le domaine du nucléaire, où la sûreté est un enjeu majeur, qu'il s'agisse du secteur militaire ou civil.
Selon vous, quelles sont les qualités nécessaires pour ce métier ?
La rigueur est essentielle. Travailler en sûreté nucléaire exige de ne pas avoir peur de dire : « Ça ne va pas, il faut trouver une solution. ». Ensuite, le travail en équipe est primordial. Nous sommes une équipe d'une trentaine de personnes, mais nous collaborons avec de nombreux autres départements au sein de l'entreprise, qui compte environ 2 000 employés.
Il faut aussi être ambitieux et courageux. Dans un métier de concepteur, bien que les technologies soient maîtrisées, les enjeux évoluent constamment : qu'ils soient géopolitiques, stratégiques ou technologiques. Cela exige de l'innovation et une capacité à s'adapter.
Et cette prise d’initiative, comment se manifeste-t-elle ?
L'initiative peut s'exprimer à différents niveaux, notamment dans les études de sûreté que nous réalisons. À chaque étape, que ce soit au début d'une étude, lors de sa validation ou de sa mise en œuvre, il est possible de proposer des idées et de faire évoluer les choses. Bien entendu, cela se fait avec l'accord de la hiérarchie et des chefs de projet. Mais les idées viennent souvent « d’en bas », et tant qu'elles répondent à un besoin précis, elles peuvent être mises en œuvre.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier ?
Ce qui me passionne, c'est d'abord le domaine en lui-même. J'ai travaillé dans la Marine nationale auparavant, et les projets liés aux sous-marins et porte-avions m'intéressaient déjà énormément. Ensuite, j'apprécie particulièrement le rôle de concepteur dans un cadre industriel. Ce n’est pas de la recherche pure, mais cela reste innovant. Nous répondons à des problématiques concrètes tout en ayant une certaine marge de manœuvre pour proposer des solutions nouvelles. C'est presque de la R&D.
Quel est le plus grand challenge que vous rencontrez ?
Mon principal défi a été d’apprendre le métier d’ingénieur, car je n'ai pas suivi une école d’ingénieur classique. Bien que j’aie une formation en nucléaire, mon poste actuel repose sur des compétences que je n’avais pas encore maîtrisées. C’est un véritable travail d’adaptation, notamment pour m’acclimater aux codes et exigences du monde de l’entreprise, très différents de ceux de la recherche.
Quelles sont les grandes différences entre le monde de l’entreprise et celui de la recherche ?
La différence majeure, c'est le respect des délais. Dans la recherche, tout est plus lent. On a le temps d'explorer, de tester différentes approches. Dans le monde de l’entreprise, il y a un besoin concret exprimé par un client, avec des délais stricts. Cela rend le travail plus prenant et challengeant, mais aussi très motivant, surtout dans le domaine de la défense où les projets doivent absolument aboutir.
Quelles formations avez-vous suivies et quel a été votre cheminement ?
Après mon bac scientifique à Saint-Michel, j’ai rejoint la Marine nationale, où j'ai été formé comme détecteur anti-sous-marin. Cependant, cette voie ne correspondait pas à mes attentes. J’ai donc quitté la Marine pour reprendre mes études, débutant par une licence en physique et mathématiques à Chambéry.
Cette expérience universitaire m’a beaucoup plu, ce qui m’a conduit à poursuivre avec un master en physique fondamentale à Paris, spécialisé en physique nucléaire. Par la suite, j’ai réalisé une thèse en physique nucléaire, à mi-chemin entre la recherche fondamentale et les applications industrielles. Cela m'a permis d'acquérir des compétences que j’utilise encore aujourd'hui dans mon poste d’ingénieur.
Pourquoi avoir choisi Saint-Michel ?
Lorsque j'ai terminé le collège, je savais que je voulais suivre une filière scientifique, mais j'hésitais encore entre sciences de l’ingénieur et SVT. Saint-Michel me laissait la possibilité de choisir après la seconde, contrairement à d'autres lycées. Finalement, j'ai confirmé mon choix pour Saint-Michel, et je ne le regrette pas.
Qu’est-ce que cette formation vous a apporté ? Avez-vous un souvenir à nous partager ?
Saint-Michel m’a donné ma première chance. En seconde, mes résultats étaient limites pour intégrer la filière scientifique, mais les professeurs m'ont fait confiance. Cette responsabilisation m'a beaucoup marqué. J’ai également gardé de très bons souvenirs de mes années là-bas, notamment grâce à l’ambiance conviviale et aux relations que j'ai pu tisser avec mes enseignants.
Un conseil pour les jeunes qui veulent se lancer dans votre domaine ?
N'ayez pas peur des parcours atypiques. Il n'existe pas de voie unique pour réussir. Essayez différentes choses, faites des stages, explorez. Même si une expérience ne vous correspond pas, elle peut s’avérer utile plus tard. Enfin, n’écoutez pas trop les stéréotypes sur les filières. Que vous choisissiez une école d’ingénieur ou la fac, l’important est d’être curieux, de s’investir et de rester ouvert aux opportunités.
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